DANGER... Le sport tue !

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Créé en 1903 par Henri Desgrange et le journal L'Auto, le Tour de France a fêté son centenaire. En 2009 ce sont 78 chaînes de télévision qui retransmettent le Tour de France dans 170 pays. Inutile de dire qu'avec un tel martèlement médiatique, les cerveaux souffrent.

Quelques citations...

Le Tour de France fête son centenaire. De rétrospectives en commémorations nostalgiques, la "grande boucle" va se refaire une virginité en exploitant son passé "glorieux". Le cyclisme en général - et le Tour en particulier - en a bien besoin après le séisme de l'édition 1998, avec l'affaire Festina et ses multiples "dommages collatéraux" (procès, grand déballage médiatique, témoignages de dopés,...). Il faut reconnaître, à sa décharge, que la petite reine a réintroduit à sa manière, la glorieuse incertitude du sport au premier plan. En effet l'organisation d'une compétition cycliste tient aujourd'hui réellement du jeu de hasard. Entre les décès inopinés de coureurs, les suspensions et les réintégrations des dopés ou les séjours en maison de repos des champions, il est difficile de savoir qui sera sur la ligne de départ...

Bien d'autres sports ont aussi leur face cachée gravée de seringues, d'anabolisants et de corticoïdes. Si le cyclisme est désormais célèbre pour ses coureurs tombés au champ d'horreur, les cadavres des autres athlètes junkies sortent moins facilement des placards à pharmacie. Ainsi, les morts suspectes dans le championnat italien de foot-ball où des enquêtes sont en cours, (environ soixante-dix décès "curieux" depuis le début des années soixante) ne suscitent guère de passion, et les propos de Sandro Donati, pourfendeur du dopage en Italie, qui déclarait à L'Equipe en Novembre 1998, que "toutes" les équipes "étaient dopées", ne provoquèrent ni émoi ni procès.

Outre l'omerta liant pouvoirs politique, économique, médiatique et sportif quant au dopage dans le sport, le vrai scandale réside dans la tartufferie des luttes anti-dopage et de ses arguments. Au-delà du flou entourant la définition fluctuante des produits interdits, l'argument sanitaire apparemment de bon sens - "le dopage c'est pas bon pour la santé" - est une vaste escroquerie. Révélons le secret le mieux gardé au monde : le sport de haut niveau, même sans dopage, est une acitivité destructrice pour les athlètes.
Ce n'est pas tant les moyens du sport professionnel - aides artificielles - qu'il faut dénoncer que son esprit : culte absolu du corps et de la performance. Que ce culte de la performance croise une préparation médico-scientifique ou chimique toujours plus lourde du corps est en fait inévitable. Par nature, le sport de haut niveau nuit gravement à la santé. En toute logique, il conviendrait donc de l'interdire purement et simplement. Ou d'en accepter l'évidence : le dopage est la continuation du sport par d'autres moyens.

-- Christian Authier, Charlie Hebdo du Mercredi 2 Juillet 2003


Le degré zéro de la civilisation.

... De même, c'est au nom de l' "idéal olympique" que se sont tenus les Jeux de la croix gammée à Berlin en 1936, les Jeux staliniens de 1980 à Moscou, les Jeux policiers de Séoul en 1998. Et c'est encore au nom de la "fraternité olympique" qu'Athènes consacrera en Août 2004 le rassemblement "pacifique" d'une interminable cohorte d' "Etats voyous", de dictatures bananières et de régimes policiers qui tâcheront de glaner médailles, honneurs et considérations sous la protection rapprochée de milliers de militaires et d'agents des services de sécurité mobilisés pour prévenir les attentats terroristes.

Athènes - qui fut dans l'Antiquité le berceau de la philosophie et de la démocratie - passera ensuite le flambeau olympique à Pékin, symbole sinistre du despotisme oriental. Les thuriféraires du sport fermeront alors pudiquement les yeux sur les violations massives des droits humains en Chine, à seule fin de préserver la "réussite" de la fête olympique en 2008. ...

-- Jean-Marie Brohm, professeur de sociologie, université Montpellier-III
-- Marc Perelman, professeur en sciences de l'information et de la communication, université Paris-X Nanterre
-- Patrick Vassort, maître de conférences en sciences et techniques des activités physiques et sportives, université de Caen

Le Monde diplomatique, Juin 2004

... on a beau chercher, on ne trouve qu'un passe-temps qui n'ait rien à craindre de la botte des tyrans : le sport. Là, rien ne change, tout continue comme avant. Mieux, il est promu, élevé au rang de loisir officiel. De l'Allemagne nazie qui organisa les jeux Olympiques de 1936, à l'Argentine de la junte militaire, qui accueillit avec tous les honneurs la coupe du monde de foot 1978, le sport n'a jamais eu à se plaindre des oppresseurs, au contraire.

C'est logique : devant le match, l'homme est au degré zéro de la civilisation. Pour s'en convaincre, il suffisait de se trouver dimanche dernier dans un bar ou devant un des écrans géants installés sur les places des grandes villes de France. Le taux de participation à ces élections européennes et la façon dont les télévisions ont couvert - ou plutôt n'ont pas couvert - l'évènement devraient nous inquiéter plus que ça. Un peuple qui préfère - par choix délibéré ou par lassitude politique - se passionner pour 22 milliardaires qui s'affrontent plutôt que pour 25 pays qui s'unissent est mûr pour la barbarie totalitaire.

Gérard Biard, dans Charlie Hebdo, Mercredi 16 Juin 2004

Le sport est structuré comme un appareil idéologique d'état et exerce la fonction d'opium du peuple.

-- Jean-Marie Brohm, Sociologie du sport, 1972

Comme les paniques sont indissociables des grands rassemblements, c'est bien évidemment dans les stades qu'elles ont toujours été les plus fréquentes et les plus saignantes, le football en est un efficace pourvoyeur. On se souvient du stade du Heysel à Bruxelles en 1985, où l'enchaînement bagarre-bousculade-panique mené de main de maître fit 38 morts devant les caméras en guise de spectacle d'ouverture, puisque le match eut lieu ensuite comme si de rien n'était. Score largement battu par la performance du stade de Sheffields en 1989, où le même tryptique obtint 95 morts dans des conditions médiatiques idéales [...]. Je garde précieusement un des hebdos qui avaient publié ces photos, car j'ai peur que dans vingt ans on ne me croie plus. Ou que je ne me croie plus moi-même. Si le stade de Bueno Aires, en 1968, vit 80 morts et celui de Kayseri, en Turquie, 40 en 1967, il faut remonter à 1964 pour trouver le plus beau score : 400 morts lors du match Argentine-Pérou à Lima. Il semblerait que les échecs et la pétanque soient moins propices aux paniques.

-- Bruno Léandri, La Grande Encyclopédie du Dérisoire, Fluide Glacial, Diff. Flammarion, 1996, ISBN 2-85815-215-2



Et l'hécatombe n'est pas près de s'arrêter...

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Une incitation à la barbarie
Un arbitre de football a tué un joueur en le poignardant avant de se faire décapiter... L'horrible scène s'est déroulée dimanche 30 juin lors d'un match amateur à Pius XII, dans l'état de Maranhao (nord du Brésil), rapporte Slate.fr citant Globoesporte, un important site d'actualité sportive brésilien. Toujours selon Slate.fr alors que l'arbitre venait d'exclure un joueur, ce dernier a protesté et répondu par un coup de pied. l'arbitre a alors sortie un couteau et l'a poignardé mortellement. Des spectateurs ont alors envahi le terrain, armés de bâtons et de pierres, et lynché l'arbitre meurtrier avant de le décapiter et d'exhiber sa tête sur une perche.

http://www.ledauphine.com   06/07/2013



Le sport est le sujet tabou par excellence. Alors que toutes les autres institutions : la famille, l'école, l'église, sont soumises à l'analyse critique, il y a résistance à la mise en question du sport. (...) Un véritable consensus s'opère entre le mouvement sportif, les médias et la classe politique qui, de droite ou de gauche, préfère exhalter les exploits sportifs plutôt que de s'interroger sur ce qu'ils cachent.

-- Michel Caillat, Sociologue du sport


Le football [...] constitue dès aujourd'hui un exemple particulièrement achevé de ce que sera, demain, cette gouvernance d'ensemble de l'hyperempire. De fait aucune instance internationale n'est, dans son domaine, aussi puissante que ne l'est la Fédération internationale de football,[...] Elle contrôle déjà les recettes considérables que les médias déversent sur ce sport, sans que la légitimité de ceux qui la dirigent soit établie, ni que soit contrôlé l'usage qu'elle fait de ces ressources. Elle a ses propres laboratoires de contrôle antidopage, qu'elle utilise à sa guise. Le moindre club de quartier du bout du monde se sent tenu de respecter la plus infime modification du règlement qu'elle édicte depuis Lausanne.[...]. Il en va de même pour toute les autres fédérations internationales des grand sports mondiaux, et davantage encore du Comité international olympique, lui aussi installé à Lausanne...

-- Jacques Attali, Une brève histoire de l'avenir, Ed. Fayard 2006, ISBN: 978-2-213-63130-1

Les stades de football hexagonaux et européens sont le terrain d'une montée inquiétante des actes de racisme. Latent depuis des années, le phénomène est aujourd'hui une vraie préoccupation politique et sportive. Ces agissements vont des tags aux agressions physiques de joueurs en passsant par les saluts nazis. Et les cris de singes hurlés dans certains stades lorqu'un joueur de couleur touche le ballon rond ne sont pas répertoriés car impossibles à prouver.

-- Football : le racisme s'installe dans les stades, Le Parisien, 19 Mai 2005, cité par Jean-Marie Brohm

Les stades de football que les dictatures militaro-policières et les régimes totalitaires utilisent sans vergogne pour parquer et torturer les opposants, comme sous Pinochet au Chili et sous Videla en Argentine, ou pour mettre en scène les exécutions publiques comme en Irak, en Iran et en Chine sont aujourd'hui de véritables bouillons de culture du racisme et du fascisme. Contrairement aux naïves illusions des maboules des coups de boule qui osent parler de "culture sportive", le football n'est pas une "saine et innocente distraction populaire", mais bien le terrain de masse où se banalisent la xénophobie et la peste fasciste. [...]

-- Jean-Marie Brohm, dans Siné Hebdo N°7 Mercredi 22 Octobre 2008



Le sport amuse les masses, leur brouille l'esprit, et les abêtit [...], c'est pourquoi tous les gouvernements sont toujours pour le sport et contre la culture.

-- Thomas Bernhard (Heerlen 1931-Gmunden 1989), écrivain autrichien

L'église est, jusqu'à maintenant encore, séparée de l'état, mais le sport, lui ne l'est pas et il a, c'est dramatique, de plus en plus tendance à remplacer chez les simples d'esprit, le catholicisme moribond. Si la religion c'est l'opium (du peuple), le sport c'est du crack !

-- Siné dans Charlie Hebdo, mercredi 2 Mars 2005


Je n'ai rien contre le foot, ce sport de manchot, et ce sentiment d'identité nationale autour d'un maillot, d'un short, d'un ballon, d'un drapeau (quand on gagne), et puis il faut bien que les chômeurs exultent aussi de temps en temps, en regardant des millionnaires taper dans une boule de cuir gonflé d'air.

-- Christophe Alévêque, dans Siné Hebdo, mercredi 25 novembre 2009

Le fléau sportif. Des jeux antiques à la Coupe du Monde de foot en passant par les stades du IIIe Reich, l'idée que le sport est bon pour la santé traverse impunément les siècles. Les promoteurs de ce mythe oublient juste de rappeler que le sport tue, et souvent. Son arme préférée, c'est la mort subite, une pathologie qui, normalement, touche assez peu les humains qui ont passé l'âge de 6 mois. Xavier Jouven, épidémiologiste à l'INSERM, a estimé que, chaque année, en France, environ 1200 personnes claquent sans prévenir au cours d'une pratique sportive.

En comparaison, au hasard, connaissez-vous le nombre de décès par overdose ? Environ 200 à 300 par an, selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies.. Le sport assassine quatre fois plus que la drogue dure !

Alors, il est temps de tordre le cou à cette fable du sport bon pour la santé ! Fumer des joints affalé sur son canapé n'est peut-être pas conseillé par la Faculté, mais statistiquement parlant, c'est bien moins risqué que de courrir au soleil après un ballon.

-- Antonio Fischetti, dans Charlie Hebdo, mercredi 23 jui 2010

Une religion laïque. Devant le déclin des religions traditionnelles dans les pays ayant atteint un certain niveau de développement, les Etats ont élevé au rang d'opium du peuple une religion laïque, le football, lequel aurait pu rester un simple sport populaire.
sport6.jpg Les lieux de culte sont de monstrueux stades au coût pharaonique. Le résultat a dépassé les espérances. Les foules sont plus nombreuses sur les grands stades qu'elles ne l'ont jamais été autrefois dans les cathédrales. La retransmission des matches sur les médias attire une audience bien supérieure à celle des offices religieux. De même la barbarie dont les extrémismes religieux nous ont donné, dans le passé, le triste spectacle, s'est reportée vers ce nouvel exutoire. Ainsi le 1er février 2012, un "match de foot" à Port Saïd fait 74 morts et des centaines de blessés. Autant qu'une journée de guerre civile en Syrie. Pendant que le bon peuple s'étripe sur les stades ou bien tombe en déliquescence cérébrale devant sa télé, des dirigeants corrompus peuvent ainsi festoyer et magouiller en toute tranquilité. Deux millénaires plus tard nous sommes revenus aux sources, les jeux du cirque des romains, lesquels précédèrent de peu une décadence dont ils ne se remirent jamais.

-- rleb, février 2012



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La drogue est au sportif ce que le boudin est au ressort.

-- rleb (inspiré par Frédéric Dard)


    
File: sport.html, 2004-06-17 - Robert L.E. Billon - Last update: 2013-07-07