Les origines de l'état totalitaire
et de la religion complice

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Parmi la confrèrie des sinistres dictateurs qui ont marqué l'histoire de leurs méfaits, l'un d'eux mérite une mention particulière. Il s'agit de Constantin Ier le Grand (Naissus 270~288-Nicomédie 337), un raccourci pour Caius Flavius Valerius Aurelius Constantinus, lequel fut empereur romain de 306 à 337 de l'ère commune. En 312 il combat son rival Maxence qu'il veut déposséder de l'Italie, il progresse vers Rome. C'est alors qu'il a une vision (hallucination collective puisque l'histoire dit que ses troupes y participent aussi) dans le ciel, un signe (possiblement une conjonction de planètes qu'interpréte son astrologue ?) lui dit que par lui il vaincra. Hallucination ou manipulation, les historiens n'ont pas encore éclairci ce mystère. Il entre facilement dans Rome, dissous la garde prétorienne et par ce coup d'état dispose dorénavent des pleins pouvoirs. Il offre au pape Miltiade, le palais de Latran. C'est la gloire, le royaume du dieu des chrétiens est désormais bien de ce monde et ne le quitteras plus, leur mentor nage dans l'aisance, l'or, la pourpre et la puissance. Cette ainsi que cette secte banale devient du jour au lendemain religion d'empire et le demeurera jusqu'à nos jours pour le plus grand malheur de l'humanité.

Constantin, fin politique et tacticien avisé, a de bonnes raisons de traiter aussi généreusement le chef suprême des chrétiens. En effet, vers l'an 36 de l'ère commune, un débile hystérique et inculte, Paul, natif de Tarse en Syrie (aussi connu plus tard sous le surnom de Saint Paul), lequel avait adopté la nouvelle religion dite chrétienne suite à une hallucination à lui survenue un jour où il se rendait à Damas. Le soleil devait taper fort et Paul était un être chétif et névrosé. Après trois jours d'un état semi-comateux il retrouve de la vigueur et commence à prêcher avec une agitation fébrile, et en la dénaturant au passage, la religion nouvelle. Cette religion dérivée de la tradition judaïque et des enseignements d'un certain Jésus, personnage mythique dont l'existence réelle n'a pas pu être établie par les historiens, il n'a laissé aucun écrit ni effet personnel. Paul avait probablement été scolarisé dans une école rabinnique et pouvait parler, lire et écrire le grec qui était la langue la plus répandue en ce temps là dans l'empire romain. Il exerça occasionnellement le métier de fabricant de tentes pour les nomades. Jérusalem, Antioche, Lystres, Ephèse, Corinthe, Thessalonique, Syracuse, Rome, sont quelques unes des étapes de sa folle équipée. Il continue son apostolat (propagande pour sa religion) jusqu'à sa mort en 67, malgré prison, naufrages et privations. Son enseignement repose sur des notions morbides conduisant à la honte du corps, la haine de soi, haine du monde, haine des femmes, haine de la liberté, haine de la sexualité, haine de l'intelligence et du savoir, croyance en une vie post mortem, culpabilité pour un péché dit originel se transmettant par l'hérédité. Il incite ses disciples à la mortification, l'acceptation de la servitude et fait l'éloge de l'esclavage, tout pouvoir et toute contrainte imposée étant une manifestation de la volonté de (son) Dieu.

Cette religion qu'ont établi Paul et ses acolytes est du pain béni pour un dictateur en puissance, ses sujets étant conditionnés à subir passivement toute les nuisances qu'il ne manquera pas de leur faire subir. Constantin, en potentat avisé qu'il est, ne manque pas de tirer le meilleur parti de cette admirable religion, laquelle entre si parfaitement dans sa ligne politique qu'on aurait pu penser qu'elle était faite pour lui. Accepter sans broncher la misère et la pauvreté, toute désobéissance aux magistrats et fonctionnaires est une offense à Dieu, composer avec l'aliénation et les inégalités sociales, que peut demander de plus un tyran à son peuple ? C'est cette religion mortifère, véritable antithèse de la vie, qui va être imposée par la force, pendant près de deux millénaires, aux malheureuses populations qui en seront les victimes.

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Entrevoyant tout l'intérêt qu'il peut en tirer, Constantin se convertit à la religion chrétienne, une démarche qui ne lui coûte rien mais va lui rapporter gros. Il promulgue des lois en faveur des chrétiens, lesquels, de persécutés deviennent aussitôt des persécuteurs. Il donne l'ordre de construire la cathédrale St Pierre et les basiliques annexes. Le clergé chrétien jubile, et ne dédaigne point les "nourritures terrestres". Couvert de largesses, grassement nourri, enrichi par les dons de l'empereur, ce clergé lui confie les pleins pouvoirs au concile de Nicée en 325. L'Eglise chrétienne dispose désormais d'un bras armé pour imposer ses idées par la force et ne s'en prive pas. Une chappe de plomb s'abbat sur le monde occidental. C'est ainsi que de l'alliance du sabre et du goupillon, laquelle ne cessera plus par la suite, nait le premier "état totalitaire", un empire chrétien avec une religion d'état. Religion du dieu unique, de la pensée unique et de l'intolérance, caractérisée par le fanatisme et la cupidité de ses cadres supérieurs. De Constantin à nos jours, il n'y aura guère de siècles qui ne soit marqués de ses méfaits, ses crimes et ses tueries programmées.


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Hypathie, la dernière grande mathématicienne de l'école d'Alexandrie, fille de Théon, directeur de la bibliothèque, est lynchée en 415 par une foule de moines chrétiens inspirés par Cyrille, patriarche d'Alexandrie, qu'un pape ne manqua pas de sanctifier par la suite. Après son assassinat, de nombreux chercheurs et philosophes quittent Alexandrie pour l'Inde et la Perse, Alexandrie cesse d'être le grand centre de culture du monde antique. La science régresse en Occident et il faudra attendre l'avènement de la révolution industrielle pour qu'elle retrouve un niveau comparable à celui de l'Alexandrie antique. Les travaux de l'école d'Alexandrie sur les mathématiques, la physique et l'astronomie sont en partie préservés par les Arabes, les Perses, les Indiens et les Chinois. L'Occident plonge alors dans l'obscurantisme et il faut attendre un millénaire pour voir son émergence. A chaque époque marquée par l'essor de la religion chrétienne, correspond une régression des conditions de vie du peuple et de la culture.


En 800, le pape Leon XIII, pour remercier Charlemagne d'être venu le délivrer des bandes factieuses qui l'avaient fait prisonnier, le couronna , au cours d'une messe solennelle, empereur du Saint Empire romain. Cette manoeuvre habile, conduisant à l'union de la force militaire et politique de la monarchie carolingienne avec le pouvoir spirituel du christianisme, peut être comparée à celle de Constantin, cinq siècles plus tôt. Ce sacre officialisait deux modifications importantes qui allaient affecter tous les aspects de la vie sociale et religieuse en Europe pour plusieurs siècles.
-  La consolidation définitive du catholicisme et son triomphe par la suppression de toutes autres sectes. Toute l'Europe de l'Ouest devait désormais se conformer aux règles dictées depuis Rome en ce qui concerne les fêtes mobiles, les châtiments à appliquer aux hérétiques, les périodes autorisées pour l'activité sexuelle, ...
-  L'avènement de la féodalité. Les princes d'Europe s'accordaient avec le pape pour lui reconnaître l'autorité en matière de foi, laquelle incluait alors les sciences, et cela avec l'appui de leurs soldats. En échange, la papauté fournissait à ces princes le soutien religieux nécessaire à leur hégémonie et, à leurs sujets, un message réconfortant d'espoir et de rédemption, accompagné d'un code moral de nature à assurer leur docilité.

Encore une fois cette alliance sabre-goupillon était un coup très rude porté à la recherche scientifique et à la culture en général. Celle-ci étant susceptible de mettre en danger le dogme attribuant au clergé une connaissance universelle.

A partir de 1150, les populations européennes scandalisées par l'immoralité des clercs chrétiens, créents des sectes, églises alternatives ou réformées. Celles-ci sont immédiatement décrétées hérétiques par l'autorité centrale de Rome. Les vaudois et les cathares (ou albigeois) sont les plus importantes de ces hérésies. Le pape Innocent III lance contre eux l'appel à la croisade en 1208, suivi de peu par le déclenchement des opérations militaires. En 1209, à Béziers, des hérétiques étant mêlés aux catholique traditionnels, Arnaud Amaury, légat du Pape, donna au chef des croisés, le duc Simon de Monfort l'ordre qui assurera sa célébrité "Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens". Environ 7000 à 8000 hommes, femmes et enfants, en grande majorité catholiques, sont passés par les armes. D'innombrables massacres de civils sont commis par les croisés. Ainsi à Marmande, la ville se rend en juin 1219, à une armée comprenant 20 évèques, 600 chevaliers et 10 000 archers lesquels massacrent la totalité de la population, y compris les femmes et les petits enfants, soit environ 5 000 personnes. La population de Carcassonne et de nombreuses autres villes, est entièrement exterminée. Cette guerre, d'une férocité sans précédent en Europe depuis les invasions barbares et menée contre les populations civiles, finit par dépeupler la Provence et la région de Toulouse. A tel point que des régions entiéres sont vidées de leur population. Par la suite on déporte des paysans catholiques d'autres régions de France afin de repeupler ce qui était en voie de devenir un désert. La civilisation occitane, très en avance dans le domaine des droits humains, est détruite et ne s'en relèvera pas.

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Au fil des siècles le Vatican s'érigea toujours comme un rempart contre la culture et la raison, faisant périr à l'occasion ses plus illustres représentants. Ainsi en 1759, Carlo della Torre Rezzonico (Venise 1693 - Rome 1769), coopté pape sous le pseudonyme de Clément XIII condamne l'Encyclopédie en ces termes  «Nous donc, que Dieu a établi garde et sentinelle sur les murs de Jérusalem [...] ordonnons à tous et à chacun des fidèles sous les mêmes peines d'excommunication et de suspense respectivement, qui auraient chez eux le dit ouvrage, ou entre les mains desquels il pourrait tomber par la suite, qu'aussitôt qu'ils auraient connaissance des présentes lettres, ils aient à l'apporter aux ordinaires des lieux, ou bien aux inquisiteurs de la foi ou à leurs vicaires, qui auront soin de faire brûler sur-le-champ les exemplaires qui leurs seront livrés». Le pape, tel un monstueux ver, rongeait les fruits de la civilisation. La plupart des papes se comportèrent en tyrans féroces. Ainsi, Giovani Maria Mastai Ferretti, (Senigallia 1792 - Rome 1878), alias Pie IX, pape de 1846 à 1878 et qui fut, par la suite, sanctifié par Carol Wojtyla, alias Jean Paul II. Lorsque les patriotes de l'unification italienne entrèrent dans les prisons pontificales pour libérer des dizaines de prisonniers qui y croupissaient, enchaînés depuis si longtemps dans l'obscurité, qu'ils avaient perdu la vue et l'usage de leurs membres, ils trouvèrent dans ces souterrains des tas de squelettes et de cadavres en décomposition dans un mélange de soutanes de moines et de soeurs, de vêtements civils d'hommes et de femmes, d'uniformes militaires et de chaussures. On y trouva aussi des jouets d'enfants, morts avec leurs parents. Chassé par la révolte de la population de Rome en 1848, il est remis au pouvoir en 1849 par les troupes françaises, les opposants sont fusillés, l'état de l'Eglise redevient une monarchie absolue et despotique. En 1870, il fait voter par le concile Vatican I l'infaillibilité du pape, avec effet rétroactif, s'assurant ainsi de l'impunité vis à vis de ses condamnations antérieures.

Le Vatican apporta toujours un soutien sans faille aux plus sinistres dictateurs, ainsi, en 1939, Pie XII écrivait à Franco : «[...] L'héroïque nation espagnole, choisie par Dieu pour être l'instrument principal de l'évangélisation du Nouveau Monde et le rempart inexpugnable de la foi catholique, a donné aujourd'hui aux prosélytes matérialistes de notre siècle la preuve la plus élevée qu'au-dessus de toutes choses de ce monde il y a les valeurs éternelles de la religiion et de l'esprit.»

La définition actuelle de l'état totalitaire correspond point par point à l'état chrétien instauré par Constantin et ses successeurs. Usage de la contrainte, persécutions, tortures, actes de vandalisme, destruction de bibliothèques et monuments symboliques, assassinats impunis, propagande omniprésente, pouvoir sans partage du chef, remodelage idéologique de la société, extermination des opposants, monopole de la violence légale et des moyens de communication, abolition de fait de la vie privée, délation encouragée, pluralisme interdit, organisation bureaucratique, expansionnisme, ce sont bien là les signes qui caractérisent le totalitarisme en général et celui de l'empire chrétien en particulier.

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Voilà de quoi souffre, depuis bientôt deux millénaires, le monde judéo-chrétien. Croisades, inquisition, obscurantisme imposé, esclavage encouragé, conquêtes coloniales d'une brutalité indescriptible, exterminations de masse (populations natives d'Amérique, Maoris d'Australie, africains sous le régime colonial, extermination des juifs d'Europe avec la collusion Hitler - Pie XII, massacre des Tutsis du Rwanda encouragé par les évêques Houtous... ). La liste est déjà longue et n'est probablement pas close. Verrons-nous un jour l'humanité revenir à l'usage de la raison, l'établissement de la démocratie au Vatican, la fin de cette calamité que sont ces religions dites du livre (unique) et dont souffrent toutes les nations qui ont été contaminées par elles, religions du malheur, de la misère, de la servitude et du délabrement intellectuel et moral des peuples.

-- RLEB, Fev 2005

- citations -

« (quand) le peuple doit être tenu en bride par des moyens moraux, ...le premier et le principal moyen d'action sur les masses est et reste encore la religion... De là les dépenses sans cesse grandissantes que la bourgeoisie s'impose pour encourager toute sorte de démagogie dévote. »

-- Friedrich Engels, Londres 1892

(il n'y a) « aucune interdiction morale à tuer de manière indiscriminée des civils durant une éventuelle offensive contre Gaza... »

-- L'ancien grand rabbin séfarade Mordechaï Eliyahu, dans une lettre au premier ministre israelien Olmert, en 2007

Bibliographie :

TRAITE D'ATHEOLOGIE, Michel Onfray, Grasset, Janv 2005. ISBN 9782246648017

L'Eglise des origines dans les ACTES DES APOTRES et leurs écrits, Henri Galbiati, Apostolat des Editions, Paris 1976. ISBN 2-7122-0145-0 ou bien 2-89039-745-9

LE TEMPS CONTÉ, David Ewing Duncan, Nil Editions, 1999
Traduit de l'Anglais par Hugues de Giorgis. ISBN 2-84111-112-1

    
File: origines.html, 2005-02-03 - Robert L.E. Billon - Last update: 2010-11-28